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Les guerres secrètes de Barack Obama

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Barack Obama... (Photo AP)

Barack Obama
 
David Sanger, un journaliste du New York Times, a publié au début du mois Confront and Conceal, un livre qui décrit entre autres la guerre secrète autorisée par l’administration Obama à l’égard de l’Iran. En dépit de son aspect sensationnaliste, les 475 pages de l’ouvrage de Sanger dévoilent peu de faits nouveaux aux électeurs avertis.
AFP- Le New York Times a couvert depuis deux ans les différentes péripéties de la guerre de l’ombre qui oppose l’Iran aux États-Unis et à Israël. Néanmoins, ce livre a le mérite de dévoiler au grand jour les différents aspects des guerres secrètes menées par l’administration Obama.
En décembre 2008, le président George W. Bush conseilla au président élu de maintenir deux programmes ultrasecrets : les cyberattaques (une opération encore théorique baptisée « Olympic Games «) visant les centrifugeuses iraniennes d’enrichissement de l’uranium et l’utilisation de drones pour surveiller le Pakistan. Obama hésita d’abord à suivre l’avis de son prédécesseur.
Mais différents complots terroristes d’Al-Qaïda, dont la tentative avortée de justesse de faire exploser un avion à destination de Détroit le 25 décembre 2009, vinrent renforcer la détermination du président.
La tentative d’attentat terroriste du 25 décembre amena le président Obama à ordonner une révision en profondeur de la politique antiterrorisme de son administration. Le 19 janvier 2010, il rappela aux principaux responsables de la sécurité américaine comment une attaque réussie pourrait faire dérailler sa présidence. Obama fixa alors comme priorité principale l’élimination de Ben Laden et de tous les dirigeants d’Al-Qaïda.
L’administration Obama centra alors sa stratégie antiterrorisme sur une plus grande coopération entre la communauté du renseignement et l’armée. Au cours des deux années qui s’en suivirent, les forces spéciales américaines montèrent différentes opérations qui permirent de démanteler largement Al-Qaïda comme organisation terroriste. L’élimination d’Oussama Ben Laden fut bien sûr l’élément le plus frappant de ce succès.
Entre-temps, Obama autorisa la poursuite des cyberattaques contre l’Iran. Un virus informatique baptisé Stuxnet avait été mis au point qui permettrait d’infiltrer et de démolir les centrifugeuses d’enrichissement d’uranium, basées à Natanz en Iran. Ce virus devint opérationnel au printemps 2010. Les États-Unis lancèrent alors une première attaque sophistiquée contre l’Iran. Mais l’attaque fut éventée alors que le virus se propagea au-delà des frontières de l’Iran.
Le président Obama tint à l’été 2010 une réunion secrète avec les responsables de la sécurité nationale américaine concernant les ratés de l’opération « Olympic Games «. Le président décida alors de garder le cap. Quelques semaines plus tard, près de 1000 centrifugeuses de la centrale de Natanz étaient mises hors d’usage par Stuxnet. Les États-Unis étaient entrés de plain-pied dans l’ère de la guérilla virtuelle. Depuis, chaque semaine dévoile de nouvelles péripéties de cette guerre secrète.
L’utilisation par les États-Unis à des fins militaires d’aéronefs pilotés à distance, communément appelés drones, a débuté en 2005. L’administration Bush autorisa leur utilisation pour surveiller et cibler les sanctuaires d’Al-Qaïda situés dans les régions tribales du Pakistan. Obama décida d’élargir le programme de drones en territoire pakistanais en multipliant par quatre les frappes dans les deux premières années de sa présidence.
Par ailleurs, l’administration Obama étendit le recours aux drones à des fins militaires à d’autres pays. Bien sûr, l’Afghanistan devient une cible de prédilection. Mais ce fut le cas aussi pour le Yémen. Par exemple, durant le mois d’avril 2012, 14 dirigeants d’Al-Qaïda ont été éliminés par des frappes de drones au Yémen, comparé à seulement six au Pakistan. De plus, le Pentagone reconnaissait en octobre 2011 avoir effectué pas moins de 150 frappes de drones dans les six premiers mois de l’intervention de l’OTAN en Libye afin de déloger Mouammar Kadhafi.
Une guerre sur le front national
Notons qu’il y a une autre guerre secrète qui n’est pas mentionnée dans l’ouvrage de David Sanger. Bien que cette guerre secrète soit aussi justifiée par la lutte au terrorisme, elle se situe toutefois sur le front national. Cette guerre prend ses racines dans les attentats du 11 septembre et l’adoption du Patriot Act qui s’en suivit. La tuerie du Fort Hood et les massacres d’étudiants sur les campus ne firent qu’amplifier depuis le sentiment d’insécurité des Américains. Cette insécurité va amener les autorités américaines à recourir aux drones comme moyen de surveillance sur une large échelle.
En effet, le recours aux drones comme moyen de surveillance national vient d’être étendu par l’administration Obama. Le mois dernier, le président Barack Obama a signé une loi qui autorise la Federal Aviation Administration (FAA) à définir les règles sur l’utilisation de drones par les entreprises privées et les institutions publiques.
Depuis, des dizaines d’universités, en plus de services correctionnels, des services de police et même des entreprises privées, ont reçu l’approbation des autorités de la FAA permettant l’utilisation des avions sans pilote comme moyen de surveillance. En 2011, près de 50 entreprises consacrent 23 milliards de dollars au développement de drones civils. La FAA estime qu’en 2020, 30 000 drones civils navigueront dans le ciel américain.
La loi de 2012, signée par Obama, a fait passer les États-Unis bon gré mal gré vers une ère de la surveillance aérienne. Les nouvelles règles ne prévoient aucune mesure de protection de la vie privée. Les États-Unis sont entrés dans l’ère du Big Brother appréhendée par George Orwell.
Déjà, en 1960, le président Dwight Eisenhower mettait en garde les États-Unis contre la menace que le « complexe militaro-industriel « faisait peser sur la société américaine. Depuis les attentats du 11 septembre, les lois protégeant la vie privée ont été battues en brèche. Comme l’Union des libertés civiles américaines le démontre dans son rapport de 2011, les drones ne sont que le dernier exemple des intrusions de l’industrie dans les libertés américaines.
Dans sa poursuite de ses guerres secrètes, Obama n’a pas tenu compte de l’influence que la nouvelle technologie pourrait avoir sur les valeurs démocratiques et comment elle pourrait changer profondément le caractère de la vie publique aux États-Unis.
Gilles Vandal est professeur titulaire
à l’École de politique appliquée
de l’Université de Sherbrooke.
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