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L’épine chinoise dans le pied africain

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Le Comité de protection des journalistes, l’équivalent de l’organisation Reporters sans frontières aux Etats-Unis, sonne l’alarme : les intérêts politiques et économiques liés aux investissements chinois sont en voie d’éradiquer le journalisme indépendant en Afrique.
| Mohamed Keita | The New York Times

 

Alors que les économies africaines sont en plein essor, la presse de ces pays est victime d’attaques insidieuses. Les journalistes africains indépendants chargés de couvrir le développement du continent sont de plus en plus souvent inquiétés pour avoir dénoncé des détournements de fonds publics, la corruption et diverses activités des investisseurs étrangers.
Comment expliquer ce phénomène ? Le cynisme occidental à l’égard des démocraties africaines a conduit les gouvernements à limiter leurs objectifs de développement à une simple réduction de la pauvreté et au maintien de la stabilité. Les libertés individuelles comme la liberté de la presse ne font plus partie des priorités, ce qui permet aux dirigeants autoritaires de se montrer encore plus agressifs envers les journalistes. Dans les années 1990, des hommes comme Paul Kagame au Rwanda et Meles Zenawa en Ethiopie étaient salués comme de grands réformateurs par les occidentaux. Aujourd’hui, ils sont acclamés pour leur capacité à créer de la croissance tout en maintenant la stabilité de leur pays, ce qui est très largement dû au fait qu’ils tiennent la presse et les institutions nationales d’une main de fer.
Et puis, il y a la Chine, qui a supplanté l’Occident et est devenu en 2009 le premier partenaire économique du continent africain. Depuis, elle n’a cessé d’approfondir ses liens techniques et médiatiques avec les gouvernements africains pour lutter contre des couvertures médiatiques trop critiques. 
En janvier 2012, Pékin a publié un livre blanc appelant au renforcement des médias chinois à l’étranger et au déploiement de 100 000 journalistes dans le monde, prioritairement en Afrique. Au cours des derniers mois, la Chine a ouvert son premier centre de diffusion télévisée au Kenya et lancé sa première publication en Afrique du Sud. L’agence de presse publique Xinhua possède déjà plus de 20 bureaux en Afrique. Entre 2004 et 2011, plus de 200 officiers de presse gouvernementaux africains ont suivi une formation dispensée par des Chinois afin d’apprendre à réaliser ce que le chef de la propagande du Parti communiste, Li Changchun, appelle une couverture « fidèle à la réalité » des activités chinoises en Afrique.
Les gouvernements chinois et africains semblent d’accord sur le fait que la presse devrait se concentrer sur les réussites collectives et mobiliser le soutien du public en faveur de l’Etat plutôt que de parler des problèmes qui divisent, ce qu’ils appellent les « nouvelles négatives ».
Le phénomène est particulièrement visible en Ethiopie, qui reste l’un des principaux bénéficiaires de l’aide occidentale et dont le premier partenaire commercial et la première source d’investissement étranger est la Chine. Les prisons éthiopiennes sont désormais comme celles de Chine : remplies de journalistes et de dissidents. L’accès aux sites Internet trop critiques est également bloqué.
Cette tendance est spécialement inquiétante en Ethiopie, pays où le journalisme d’investigation a sauvé d’innombrables vies autrefois. Dans les années 1980, le président tyran Mengistu Haile Mariam s’obstinait à nier la famine qui ne faisait pourtant que s’aggraver dans le pays. Le reste du monde ne se mobilisa pour aider les Ethiopiens affamés que lorsqu’une poignée de journalistes internationaux eurent réussi à briser le silence médiatique imposé par le dictateur.
Près de trente ans plus tard, le pays est toujours aux prises avec les conflits et les crises humanitaires. Sauf qu’aujourd’hui les journalistes sont interdits d’accès dans les zones sensibles et risquent jusqu’à vingt ans de prison s’ils écrivent sur des groupes d’opposition que le gouvernement qualifie de terroristes. « Nous ne sommes pas censés prendre de photos d’enfants dénutris, m’explique un journaliste basé en Ethiopie. Nous n’avons pas le droit de nous rendre dans certaines zones ou dans les centres sanitaires accueillant des enfants dénutris. »
Ce silence limite les moyens d’actions des groupes humanitaires qui voudraient mobiliser des fonds en cas d’urgence. Avec une société civile, une opposition et une presse sévèrement muselées, il n’existe presque aucun contrôle sur la façon dont le gouvernement utilise les milliards de dollars d’aide que lui envoient les pays occidentaux.
Le cas du Rwanda est également inquiétant. Le volume des échanges entre ce pays et la Chine a été multiplié par cinq entre 2005 et 2009. Sur cette même période, le gouvernement a pratiquement éliminé toute forme d’opposition et de couverture critique et a commencé à filtrer l’accès aux sites de dissidents rwandais basés à l’étranger.
A l’heure où des intérêts politiques et économiques liés aux investissements chinois tendent à éradiquer toute forme de journalisme indépendant, l’Afrique a plus que jamais besoin d’une presse libre comme instrument central de développement, comme organe de protection des consommateurs et pour aider le public à mieux comprendre les chiffres officiels du chômage, de l’inflation et d’autres problèmes sociaux-économiques. Le soutien efficace à la presse libre ne passe pas seulement par la formation des journalistes et les moyens de diffusion. Pour réussir, ces efforts doivent faire partie d’une stratégie plus large de réforme politique et médiatique.
(Traduit de l’anglais)
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